Saint-Emilion, Le 20 novembre 2008

 

« Août fait-il encore le moût ? Nous sommes en droit de nous poser la question…

Comme souvent, malheureusement, la presse savait quelques semaines avant la récolte que le millésime 2008 serait mauvais.

Dans notre contrée reculée, nous ne savons pas si de tels commentaires sont liés aux 13 lunes ou à la crise du capitalisme virtuel qui pollue actuellement l’économie réelle. Probablement les deux…

Plus sérieusement, il est vrai que 2008 fut un millésime compliqué et difficile en raison d’un printemps et d’un début d’été très humides. La pression du mildiou a été forte et la floraison, peu homogène, a entraîné une forte coulure sur les vignes les plus âgées ou fragiles.

Malgré ce mauvais début de cycle, le mois de juillet a été sec et ensoleillé (22 ml de pluies), permettant de donner un premier élan. En revanche, le mois suivant s’annonça pluvieux et froid entre le 11 et le 22 août, avec que le beau temps ne reprenne le dessus à partir du 24. Septembre fut en grande partie sec, surtout entre le 21 et 1er octobre, mais avec des températures souvent en dessous des normales saisonnières.

8 octobre : dernier jour de pluie ; nous pouvons enfin respirer… que du bonheur ! Les analyses ont montré que les baies avaient perdu 20 à 30 % de leur poids entre le 20.09 et le 10.10, et donc gagné 20 à 30 % de concentration.

Saint-Emilion se devait donc d’attendre. Le travail dans la vigne fut intense (effeuillages, égrappages, tris sur pied pendant la véraison) mais indispensable au maintien de la qualité.

Nous avons débuté les premières vendanges le 10 octobre au Château Canon La Gaffelière, pour terminer le 24 à La Mondotte et au Château Aiguilhe.

Ce millésime fut certes tardif, mais pas plus que certains millésimes des années 80 tels les 1983 ou 1986.

Les dernières cuves viennent d’être écoulées, et nous pouvons nous réjouir d’une très belle qualité. Les vins se révèlent puissants et dotés d’une couleur à la profondeur exceptionnelle. Les tannins, très mûrs, offrent une belle structure à ce millésime.

En résumé, et personnellement, le 2008 est un très beau millésime qui dépassera les 2007, 2006, 2004, 2002 ou encore les 2003 (réussis sur les terroirs les plus frais tels les argilo-calcaires), même s’il est encore trop tôt pour donner une opinion définitive (nos amis journalistes s’en chargeront).

Seule ombre au tableau : les quantités produites (parfois moins de 30 hl/ha). Mais il est préférable, dans le contexte actuel, de produire peu mais bon ! Ne laissons cependant pas la crise polluer ce 2008. »

Stephan von Neipperg



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